En y pensant, j’ai trouvé quelques excuses :

• Je n’avais pas d’atelier jusqu’à il y a 10 mois.
• Je suis mère monoparentale depuis 15 ans, de 3 enfants, donc pas de temps ni l’état d’esprit pour créer.
• Pauvre de surcroît, jusqu’à mon arrivée dans le monde du Web, en 2002-2003, en tant qu’intégrateur Web et ensuite webmestre, au gouvernement du Québec.
• Mon existence est fréquemment et régulièrement mise en suspens lors de crises de migraines chroniques qui durent 3 jours, la plupart du temps.
• J’ai failli devenir aveugle d’un œil en 2010 et je dois subir une 3^e opération dans quelques semaines pour corriger ma vision.

L’artiste en moi a vécu aux soins intensifs jusqu’à tout dernièrement. Avec un filet de souffle, j’ai pu quand même réaliser 3 séries d’œuvres au cours de ces années. Je n’essaie pas de me plaindre de mon sort, je constate… Car parfois, je me demande ou, pire, je me culpabilise pour n’avoir pas été plus productive depuis ma sortie de l’université.

Je suis témoin de la belle carrière d’autres artistes, certains venant de la même faculté, diplômés presque au même moment que moi. Je me sens retardataire; où étais-je? que faisais-je? à quoi pensais-je? Ces questions reviennent sporadiquement. J’avais besoin de trouver des réponses à mes piètres résultats et à ma pauvre production, car je suis travaillante, courageuse, talentueuse, créative, débrouillarde, intelligente, charmante…

La réponse c’est que j’ai fait des choix, des bons ou des mauvais? Je ne sais pas. Mais je les ai assumé, j’ai pris mes responsabilités. Aujourd’hui, je veux laisser mon artiste respirer à l’air libre, la prendre par la main et la sortir des soins intensifs afin que son visage retrouve ses couleurs, que ses yeux voient la lumière du jour, que sa peau sente la chaleur du soleil, que son esprit retrouve un vent de liberté et de créativité.