Il était différent des autres, très différent, et ses pairs ne manquaient pas une occasion de le lui faire savoir. Son cri semblait incompréhensible pour son entourage et sa personnalité était si étrange que la plupart préférait le maintenir à l’écart de leurs jeux. Le vilain petit canard ignorait encore qu’il appartenait à une autre race que celle à laquelle il tentait de s’identifier quotidiennement, celle des artistes. Il le découvrirait tout seul, plus tard, quand il volerait de ses propres ailes et qu’il ferait la connaissance de ses frères de sang.

Plusieurs artistes sont des résilients (“Art de naviguer dans les torrents.” selon Boris Cyrulnik), d’autres assument leur “folie” avec tout ce que cela comporte. Est-ce que leur art les garde équilibrés ? Est-ce que c’est leur névrose, leurs blessures qui en font des artistes ? Le cliché de l’artiste excentrique, originale et bizarre est surement fondé sur une certaine réalité, qui est souvent alimentée par le biais de la littérature, de la presse ou du cinéma. Les artistes sont souvent des hypersensibles et ont beaucoup de mal à s’adapter aux valeurs superficielles et compétitives véhiculées dans leurs sociétés respectives. Certains essaient de dénoncer les injustices à travers leur art, d’autres s’investissent dans des causes qui leurs tiennent à cœur, d’autres encore sont constamment en révolte et contestent les systèmes établis… Ils ne sont jamais indifférents et détachés.

J’aime les artistes, leur authenticité, leur sensibilité, leur “folie”… Ils possèdent tous une intelligence émotionnelle^* supérieure à la moyenne et une merveilleuse ouverture d’esprit. Je me sens en famille, je me sens comme un cygne volant très haut parmi les nuages, dans l’univers des artistes. Je suis vendue d’avance, je suis une fan, une “groupie”, solidaire à travers leurs épreuves, intéressée à leur bio, fascinée par leur démarche, réjouie de leurs succès…

Je salue chaleureusement tous mes amis cygnes, ex vilains petits canards, qui passeraient par là.

* Habileté à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler les émotions chez soi et chez les autres. (source : Daniel Goleman, auteur de L’intelligence émotionnelle)